Rétablir le lien entre la vision centrale et périphérique pour améliorer sa vue par des moyens naturels
Le corps est organisé dans la bipolarité naturelle de la vie, telle que soleil/lune, nuit/jour, inspiration/expiration, absorber/éliminer, chaud/froid, antérieur/postérieur, extension/flexion, système nerveux sympathique/parasympathique etc.
Le système visuel et la vue n’y échappent pas : lumière/obscurité, cellules photoréceptrices cônes/bâtonnets, vision diurne (couleurs)/vision nocturne (noir et blanc), contraction musculaire/relâchement, accommodation loin/près, dilatation/contraction pupillaire, centre/périphérie ……..
L’harmonie de la vie se fait par l’équilibre le plus juste possible entre les deux et cela vaut également pour la fonction visuelle.
Chercher l’harmonie entre vision centrale et périphérique
Un des quatre principes de la méthode Bates concerne la relation entre la « fixation centrale[1] » ou vision centrale et la vision périphérique.
La vision centrale concerne ce que l’on regarde et voit le mieux, tandis que simultanément la vision périphérique nous renseigne sur le reste du champ visuel que l’on perçoit sans le regarder. Ceci est dû à l’anatomie de l’œil. Un seul point de la rétine appelé fovéa, au centre d’une zone, la macula, permet la meilleure acuité.
Vision centrale et périphérique sont donc simultanées, elles s’unissent et sont en relation permanente pour assurer une vision parfaite.
Lorsque la vue baisse l’harmonie entre ces deux visions est presque toujours perturbée, mais elle peut être rétablie. Cela se fait par une « éducation » qui est une prise de conscience de leur rôle complémentaire.
La conscience de cette relation entre centre et périphérie invite à une mobilité du regard et par conséquence au rétablissement d’une utilisation naturelle des yeux qui se fera sans l’effort de vouloir voir. C’est ce fonctionnement normal et cette non volonté dans l’acte de voir qui est à la base de la méthode Bates.
D’où vient donc la perturbation de la vision ?
Dans la physiologie du « stress », le système nerveux autonome (SNA) réagit involontairement en réponse aux évènements extérieurs.
Chaque être est unique dans ses réponses à son environnement. La première préoccupation de l’organisme est de survivre dans cet environnement. Il réagit involontairement à ce qu’il perçoit comme une agression que ce soit émotion, intoxication, chaleur excessive, froid ou autre par une « réaction d’alarme » initiale qui est une mobilisation d’énergie pour préparer le corps au mouvement pour se défendre ou fuir. Les modifications physiologiques qui permettent cette préparation sont l’augmentation du rythme cardiaque, l’accélération de la respiration qui devient plus superficielle, la sécrétion des hormones tels que l’adrénaline, et le sang qui quitte la peau pour aller vers les muscles en préparation à l’action. Dans le cas où la survie est possible, il passe alors à la « phase de résistance » qui appelle à des modifications physiologiques contraires à la « réaction d’alarme ». L’organisme essaie de s’adapter. Cependant, s’il continue à subir l’agression sur une durée prolongée, il y aura la « phase d’épuisement », quand il retrouve les modifications physiologiques lors de la « réaction d’alarme ». C’est ce que Hans Selye, endocrinologue canadien d’origine austro-hongroise et inventeur de la théorie du stress, a appelé « le syndrome général d’adaptation ». (Hans Selye, « Le Stress de la Vie »P. 53-55, 1962)
Nous sommes constamment en état d’adaptation, tout le long de la journée, à chaque moment de la vie.
Toute activité peut générer un ou plusieurs facteurs de cette réponse du stress et ceci est naturel à la vie. Il existe le stress agréable (eustress), positif et stimulant comme il existe le stress désagréable (détresse) dont on parle plus souvent et qui donne au mot même de « stress » une connotation négative.
Parmi les modifications physiologiques de la réponse du système sympathique du SNA, nous trouvons, au niveau visuel :
1) La constriction immédiate du champ visuel
2) Le regard figé
3) L’arrêt du cillement des paupières
4) La dilatation des pupilles
Ces modifications sont censées être temporaires. Si elles perdurent, elles peuvent avoir un effet direct sur la vue, sur la posture et des répercussions sur le plan émotionnel.
1) La constriction immédiate du champ visuel, met toute la tension sur la vision centrale qui fatigue rapidement et donne l’impression de regarder dans un tunnel. Cette « vision en tunnel » perturbe le fonctionnement visuel et peut avoir une incidence sur l’état psychologique : angoisses, peurs, manque de recul aux problèmes, peur de trébucher, difficulté d’orientation dans l’espace, impression de ne rien voir tout en regardant avec effort, ce qui entraîne des aménagements posturaux qui peuvent être néfastes.
2) Le regard figé bloque le cou et la tête diminuant la vascularisation des yeux et du cerveau. Cela modifie la posture et la manière de se mouvoir. Cette fixité empêche également le cillement des paupières.
3) Le cillement des paupières, dont le rythme naturel dans l’œil détendu s’effectue environ toutes les 3 à 5 secondes, maintient l’épaisseur du film lacrymal couvrant la cornée et permet ainsi un confort et une vision claire. Lorsque le cillement se réduit, les yeux deviennent secs avec des sensations de picotement ou de brûlure. Dans les cas extrêmes, ce manque de cillement diminue les capacités visuelles. Il suffit de prendre conscience de ce réflexe naturel et de le laisser se faire. Dès que le regard redevient mobile, le réflexe du cillement se remet en place, surtout lorsque l’on ne porte pas de correction optique.
4) Les pupilles se dilatent normalement lorsqu’il y a faible luminosité mais aussi lorsque l’on est face à une situation qui active le système sympathique du système nerveux autonome : peur, stress etc.
Toutes ces modification physiologiques et leurs conséquences peuvent être de plus amplifiés par la « panique » de ne plus voir assez bien.
Conséquences de ces modifications
La vision périphérique couvre environ 95% du champ visuel et la vision centrale environ 5%. Ne pas tenir compte de cette périphérie c’est réduire nos perceptions et nos sensations à ce 5%. L’angoisse de voir les choses arriver soudainement vers soi, sans pouvoir les appréhender, en est une des conséquences. La vision périphérique nous fournit le contexte du point d’intérêt regardé, le contexte du lieu où nous nous trouvons. Elle est la partie sensorielle de la vision en lien éventuellement avec le ressenti, voire l’intuition. Elle n’est pas nette, mais nous la percevons.
Lorsque nous prenons conscience de l’amplitude de notre champ visuel dans certains cas il arrive que cela soit déstabilisant mais dans la plupart des cas cela génère une sensation de sécurité et de détente.
Cette relation entre « centre » et « périphérie » peut s’imager ainsi : lorsque l’on regarde un paysage, il est impossible de le voir net dans son ensemble. Vouloir le faire est une erreur qui amène une tension. C’est en déplaçant le regard d’un point d’intérêt à un autre, en portant son attention à un détail dans une masse d’informations, et en balayant le paysage que nous obtenons de multiples informations détaillées.
On ne peut voir qu’un seul point net à la fois mais c’est la rapidité du mouvement du passage d’un point à l’autre qui amène la perception d’une continuité fluide et permet à la vision d’être confortable et détendue.
L’éducation de la vision peut donc avoir des répercussions profondes, non seulement sur la fonction visuelle, mais aussi sur notre manière d’être et de nous sentir confortables dans notre approche au monde.